Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme une sombre écume envahissant la mer !
Ô Dieux ! Vers quels dangers suis-je encor entraînée
Et pour quelles amours est donc faite ma chair !
J’étais pourtant rentrée au pays des Atrides
Serrant, contre mes seins, les plis de mon manteau.
Ô ces désirs toujours rayonnants et torrides
Et ces aveux pareils à des coups de couteau !


(à Électre qui s’avance)


Dis, toi, dont je mérite et dont j’attends la haine
Toi, dont le père est mort en exécrant Hélène
Dont le frère me nomme avec des cris d’horreur
Accable-moi des mots les plus durs pour mon cœur.


ÉLECTRE


Je ne puis te haïr, quand tes yeux me regardent
Et je me sens vaincue en m’approchant de toi.


HÉLÈNE


J’ai dévasté ta vie avec mes mains hagardes
Comme pour lui ravir la candeur et la foi.