Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ÉLECTRE


Je sens mon sort au tien lié.
Hélas ! depuis quels jours, suis-je celle qui erre,
Brusque, fatale, et sombre et seule sur la terre !
Avec quel poids alourdissant de souvenir
Dois-je traîner ce corps brisé vers l'avenir.
Avec quels yeux grandis par l'angoisse et la crainte
Ai-je appris à souffrir dans Mycène et Tyrinthe
Et qu'ai-je pu aimer sous l'or des vastes cieux
Si ce n'est la vengeance et la haine des Dieux !


HÉLÈNE


Ô ! pauvre âme effrayante et jour à jour déçue
Tout comme Hélène, hélas ! pourquoi fus-tu conçue ?


ÉLECTRE


C'est mon destin, à moi, de ne sentir mon cœur
Que comme un feu qui brûle et mord et dont j'ai peur.
Oh ! ce pas saccadé des nocturnes Furies
Qui retentit jusqu'en ma chair pâle et meurtrie