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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/58

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Autour du brasier blanc dont vit la chasteté.
Le Christ sera vêtu de tristesse sereine ;
Il s’en ira, par les matins et par les soirs,
Tirant des cris nouveaux du fond de l’âme humaine,
Exaltant les douleurs qui baiseront leur chaîne
Et les amours pareils à de beaux reposoirs.
Sa croix sera plantée, au bord de chaque abîme,
Ses monastères d’or luiront de cime en cime,
Le vent de sa folie ébranlera les monts,
La guerre en son orage emportera son nom,
Les peuples d’Occident ploieront sous la rafale,
Pour la première fois, leur esprit ferme et clair
Doutera de la force et reniera la chair,
À voir passer, devant leurs yeux, l’éclair
De la chimère orientale.

Et les mages s’en sont allés aux pieds du Christ,
Dans la crèche, parmi la paille et sa lumière,
Déposer leurs présents et dire leur prière,
Les mains jointes, les yeux calmes, le cœur contrit.
La Vierge souriait rayonnante de larmes,