Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/101

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Où sont-ils les parfums qui traversent la plaine
Et balancent, le soir, leur voyage sur l’eau ?
Où les brises qui murmurent sous les ramées
Pour que des mots d’amour soient soufflés à l’amant
Par la feuille tremblante et le branchage lent,
Quand les couples s’en vont sous la nuit enflammée ?
Où sont les sentiers clairs que cent petits pieds nus
Marquent de leur empreinte entre les brins de chaume ?
Où la bonne senteur du pain roux et grenu ?
Hélas ! où les clartés ? hélas ! où les arômes ?
Et de quoi désormais, en ces âges d’horreur,
Pourront se réjouir tes benoites narines ?
Voici l’âcre Allemagne en sang et en sueur
Qui remplit d’elle et tes chemins et tes ravines,
Notre-Dame de Bonne Odeur.