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II


Je sais, là-bas,
Qu’en une île de la Néva,
Une prison fatale allonge son mystère ;
Le seuil en est usé, le seuil en est fendu,
Si nombreux furent-ils ceux qui s’y sont rendus
Pour y souffrir, pour y mourir
Silencieusement, en des geôles, sous terre.
Je sais
Que c’est la rouge et séculaire tyrannie
Qui seule en a creusé l’accès ;
Et qu’elle est implacable et qu’elle est infinie.

Pourtant,
J’ai moins peur d’elle, en notre temps,
Que de celle qui règne, ordonnée et guerrière,
Des plaines de la Prusse aux monts de la Bavière.
L’une est vantarde et dit qu’elle détient en mains
L’atout qui fixe au jeu le sort du genre humain ;