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IV


Tu marcheras un jour libre sur le sol blanc
Qui monte vers l’Oural, ou descend vers l’Ukraine,
Russie étrange et souterraine,
Qui tiens ton avenir entre tes doigts tremblants.
Il te sera d’autant plus sûr que l’ignorance
T’en interdit longtemps la vivace espérance
Et qu’il n’aura pendant des ans
Puisé sa lumière et sa force
Qu’au beau sang lumineux qui coula de ton torse.
Mais aujourd’hui
Il est patent cet avenir ; il brûle, il luit
À travers la ténèbre et l’effroi de la nuit ;
On l’acclame et en Pologne et en Finlande ;
Des innombrables mains lui tressent sa guirlande ;
Il croît, monte, s’épand et s’affirme partout ;
Il parle à voix rapide et se carre debout,
Avec des gestes nets, dans la Douma d’Empire ;
Les buts les plus précis vers leurs cibles l’attirent