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PRIÈRE


L’air vibre et s’incendie à l’autre bout du monde ;
L’air n’est plus qu’asphyxie et tonnerre chez nous ;
Un ciel empoisonné couvre de ses remous
Le fleuve bienfaisant et la terre féconde.

Seigneur ! qu’ils étaient beaux les champs dans le soleil,
Quand le soir grandissait l’attitude superbe
D’un travailleur dressant une à une les gerbes
Avec leur ombre longue au ras du sol vermeil.