Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/63

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Et ses gares de fer accueillent leurs détresses ;
En des fourgons partants quelques femmes se pressent,
Tandis qu’avec leurs fils, d’autres, obstinément,
— Dites vers quelle horreur, ou vers quel dénuement ? —
Continuent à marcher, tragiques et muettes.

Le feu bondit et rebondit partout :
Ses flammes violettes
Devancent, à cette heure ardente, les remous
De ces foules qui vont et vont, Dieu sait vers où.

Car cette fois, c’est devant eux, que l’incendie
Propage et sa terreur et sa rage brandies ;
Le ciel est angoissé par l’immense lueur
Qui monte et perce et fouille et mord ses profondeurs.
Soudain le brusque autan s’étend de plaine en plaine,
Il ronfle et siffle et crie et part sans perdre haleine
Rallumer sous leur cendre et la flamme et le feu.
Le pays tout entier s’épouvante de Dieu