Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/75

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Or, il se fit, un jour,
Quand la guerre soudaine incendia les bourgs
Et les villes en Flandre,
Que cette terre où les vivants et où les morts
Avaient mis leur sueur, leur travail et leur cendre,
Dut subir la bataille et affronter le sort.

L’obus fendit bientôt les arbres de la route
Qui bifurque là-bas, vers Pervyse et Nieuport ;
L’étable au large toit prit feu et brûla toute ;
On en sauva les bœufs en leur couvrant le front
D’un sac profond,
Pour qu’ils ne vissent rien de l’énorme épouvante ;
Un shrapnell tua net la plus vieille servante ;
La huche, le pétrin, l’âtre, le banc de bois
Furent dispersés tous à la fois
Et la muraille
Où l’aïeul, trait pour trait,
Était représenté dans un cadre à portraits
Subit la rage et la fureur de la mitraille.