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De la foudre fatale aux anciens dieux,
Qui les abat, hagards et vieux,
Devant la vérité soudaine et reconnue.

L’espoir humain s’est de nouveau fait chair ;
Le vieux désir, vêtu de fleurs et de jeunesse,
S’est répandu : les yeux sont beaux, les cœurs renaissent,
Des aimants inconnus s’entrecroisent dans l’air.

Désignant le catafalque :

Et maintenant qu’on voile, avec des palmes claires,
Ce tragique appareil de crêpes mortuaires,
Et qu’on ait peur de profaner
Le culte et la victoire
D’une aussi pure et puissante mémoire,
Car ce mort-là doit rayonner.

Il fut d’accord avec les renouveaux
Du monde, avec le temps, avec les astres.
Il a conquis la vie à travers un désastre ;
Il a vaincu, broyé, tué l’un des fléaux !

Hordain se lève ; — agitation. — La foule le désigne et
l’acclame. Des gens se renseignent l’un l’autre.