Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE PÈRE GHISLAIN


Me taire ! me taire ! … pourquoi.. ? Pour qui ? … Hérénien
vous connaît donc ! …

LE MENDIANT BENOIT


Père Ghislain, nous sommes ici la force et nous pouvons
t’abattre, avant même que tu cries au meurtre. Si pendant des ans et des ans, tu nous jetas à ta porte, les déchets de ton porc, et les lavasses de ta cuisine, nous autres, pendant des ans et des ans, ne t’avons-nous pas donné nos suppliques et nos avés ? Nous sommes quittes pour le passé et le présent nous appartient.

Il se dirige menaçant vers le Père Ghislain.


UN PAYSAN, (accourant)


Père Ghislain, père Ghislain, ta ferme des Champs qui
tintent a communiqué le feu à toute la Plaine aux Loups !
Les arbres brûlent, au long des routes,
La sapinière ronfle et crie et hurle toute
Et les flammes s’étagent,