Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


UN AUTRE, (se tournant vers la campagne)


Regardez donc là-bas : l’ennemi dresse les éléments à faire
la guerre. Il les circonscrit, les déploie, les maîtrise, les projette.

UN AUTRE


Et les campagnes mortes, on détruira les villes.

UN VIEILLARD DES VILLES, (plus âgé que les autres)


Ô ces villes ! ces villes !
Et leurs clameurs et leurs tumultes
Et leurs bonds de fureur et leurs gestes d’insultes
À l’ordre simple et fraternel ;
Ô ces villes et leurs rages contre le ciel,
Et leur terrible et bestial décor,
Et leur marché de vieux péchés,
Et leurs boutiques,
Où s’étalent, par grappes d’or,
Tous les désirs malsains,
Comme jadis des guirlandes de seins
Chargeaient le corps des Dianes mythiques.