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HÉRÉNIEN


Ah ! serait-ce vraiment la fin d’Oppidomagne !
Et ces bûchers déversent-ils de leurs montagnes
Le sang fumant de son supplice ?
Oppidomagne
A ramassé dans ses codes et dans ses lois,
Tout ce qui fut forfait caché, meurtre sournois
Et ruse et vol, contre le bien et la justice.
Et maintenant, qu’elle est lourde de tous ses vices,
Qu’elle est saoule jusqu’à boire les boues
Qui fermentent dans ses égouts,
Tous les crimes et toutes les luxures
Se sont pendus à sa ceinture
Et la tettent, comme des loups.
Si ses palais, si ses hangars
Si ses arsenaux clairs, si ses temples blafards,
Croulent comme des bouges,
Le monde applaudira aux cendres rouges
Qu’emportera le vent vers l’avenir,
Mais qu’Oppidomagne elle-même puisse finir,
Que le futur dont elle est l’âme