Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/18

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Et les gamins et les fillettes
Qui s’arrêtent parfois pour écouter dans l’air
Le chant flûté et saccadé d’une alouette.

Alors
Les grand’routes, dès le matin, partent d’accord
Sous les rameaux et les ombrages
Vers les prés et les eaux, les bourgs et les villages ;
Et sans fatigue et sans repos
Elles longent le mur ou le fossé des clos ;
Elles se haussent ou s’inclinent
À contourner les flancs inégaux des collines ;
Elles tardent soudain à s’en aller plus loin
Quand embaume le trèfle ou que fleure le foin.

Parfois l’ombre grande des nues
Flotte seule à midi sur leur surface nue ;
On les voit traverser les clairs arpents de blé
Où s’activent les bras d’un travail rassemblé ;
L’une s’éloigne à droite et puis sinue à gauche,