Page:Verhaeren - Les Campagnes hallucinées, 1893.djvu/36

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L’un d’eux a pris mon âme
Et mon âme comme une cloche
Vibre en sa poche.

L’autre a pris ma peau,
Ne le dites à personne,
Ma peau de vieux tambour
Qui sonne.

Quant à mes pieds, ils sont liés
Par des cordes au terrain ferme
Regardez-moi,
regardez-moi,
Je suis un terme.

Un paysan est survenu
Qui nous piqua dans le sol nu,
Eux tous et moi, vieilles défroques,
Dont les enfants se moquent.

Et nous servons d’épouvantails qui bougent
Aux corbeaux rouges.

Je suis un terme.