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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/66

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En baume et en parfum mes lèvres surabondent ;
Mes bras sont des tombeaux pour tes tourments ;
Mon ventre est comme un sol gonflé de sources chaudes
Et ma luxure entière est comme une ode
Chantée au rythme fou de tes tressaillements.
Prends et tais-toi : nul ne regarde ;
La nuit remplit l’immensité hagarde ;
Les astres d’or semblent s’aimer aux cieux ;
Des vents passent délicieux
Sur ma chair nue et violente ;
Toute ta vie est dans l’attente
Et tout l’amour veut t’engloutir.

— Il n’est qu’un seul remède à mon souci : partir
Vers les pays d’ardeur que tes lèvres promettent ;
Déjà se tend vers moi leur fièvre et je la bois ;
Nos ruts dévastateurs sont tels que des comètes
Qui éclairent mais qui brûlent tout à la fois.
Et quand ta chair cessera d’être nôtre,
Lorsque tu t’en iras, un jour, le corps paré,
Vers d’autres bras de volupté, j’aurai
Pour te maudire et t’oublier…
— Toutes les autres !