Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/79

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Oh ces villes, par l’or putride, envenimées !
Clameurs de pierre et vols et gestes de fumées,
Dômes et tours d’orgueil et colonnes debout
Dans l’espace qui vibre et le travail qui bout,
En aimas-tu l’effroi et les affres profondes
Ô toi, le voyageur
Qui t’en allais triste et songeur,
Par les gares de feu qui ceinturent le monde ?

Cahots et bonds de trains par au-dessus des monts !

L’intime et sourd tocsin qui enfiévrait ton âme
Battait aussi dans ces villes, le soir ; leur flamme
Rouge et myriadaire illuminait ton front,
Leur aboi noir, leur cri vengeur, leur han fécond
Étaient l’aboi, le cri, le han de ton cœur même ;
Ton être entier était tordu en leur blasphème,