Marcher, pour aboutir au seuil resplendissant
Des temps, où la justice aura dompté les hommes.
L’erreur a promulgué des lois, noirs axiomes,
Qu’on doit ronger sans cesse, en attendant le jour
De les casser à coups d’émeute ou de révolte ;
S’il faut le rouge engrais pour les pures récoltes,
S’il faut la haine immense avant l’immense amour,
S’il faut le rut et la folie aux cœurs serviles,
Les bonds des tocsins noirs soulèveront les villes
En hurlante marée, autour des droits nouveaux.
Et dans les halls blafards des vieux faubourgs, là-haut,
Où les lueurs du gaz illimitent les gestes,
Les voix, les cris, les poings des tribuns clairs, attestent
Que les besoins de tous sont le cercle du droit.
Textes, règles, codes, tables, bibles, systèmes,
Mots solennels qu’on débite à faux poids :
L’homme dans l’univers n’a qu’un maître, lui-même,
Et l’univers entier est ce maître, dans lui.
Le tribun parle haut et fort ; son verbe luit,
Sauvage et ravageur, comme un vol de comète ;
Il est le fol drapeau tendu vers la conquête,
Si quelquefois il prend la foule pour tremplin,
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