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Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/87

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Vers les continents d’or, de marbre et de corail,
Sous le vent dur fouettant de son large éventail,
De mer en mer, leurs vitesses entrecroisées,
Les navires s’en vont, pareils à des pensées.

Avec des blocs de fer ou des cailloux de plomb,
Avec leur cargaison de bois couchée en long,
— Forêt vaincue et morte — en leurs cales profondes,
Avec l’ambre, le pétrole, le zinc, l’étain,
Avec l’espoir dans l’aventure et dans le gain,
Hardis et clairs, ils embarquent l’âme du monde.

Et les quais de la Chine et de l’Inde et les ports
Surgis aux flancs de l’Amérique ou de l’Afrique
Et Vera-Cruz et Buenos-Aire et Mogador
Et les sols sulfureux et les forêts lyriques
Lourdes de fruits sucrés et gluantes de miel