Page:Verhaeren - Les Heures du soir, 1922.djvu/158

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Notre jardin n’est plus l’époux de la lumière
D’où l’on voyait les phlox vers leur gloire surgir ;
Nos violents glaïeuls sont mêlés à la terre
Et longuement s’y sont couchés pour y mourir.

Tout est sans force et sans beauté ; tout est sans flamme
Et passe et fuit et penche et croule sans soutien ;
Oh ! donne-moi tes yeux qu’illumine ton âme
Pour y chercher quand même un coin du ciel ancien.

C’est en eux seuls qu’existe encor notre lumière,
Celle qui recouvrait tout le jardin jadis
À l’heure où s’exaltait l’orgueil blanc de nos lys
Et l’ascendante ardeur de nos roses trémières.