Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/113

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La faux des moissonneurs brille dans la campagne ;
Un bruit de moulin d’eau sourdement accompagne
Des pas que l’on entend sonner sur un chemin ;
Oh ! le vieux banc, près des roses et des ormins,
En a-t-il écouté, de lentes causeries,
Quand se parlaient, entre eux, le soir, les vieux fermiers !

Ils se disaient les nids qu’abritaient leurs pommiers,
Le foin mouillé qui s’échauffait dans les prairies,
Et la taupe que trois taupiers n’ont pu saisir,
Si folle était sa route avec tous ses méandres.
Ils discutaient quel grain il leur fallait choisir
Pour qu’un seigle meilleur ornât le sol de Flandre ;
À quel quartier de lune, il importait semer
Ou bien greffer la plante ou bien planter le chêne ;
Ils auguraient, souvent, de la saison prochaine
Et du temps du mois d’août d’après les jours de mai.

Ainsi devisaient-ils près des roses trémières,
À sourde voix et s’appuyant sur le banc vieux,
Tandis que lentement les obliques lumières
Allongeaient vers la nuit leur ombre au devant d’eux.

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