Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les eaux trouer les meules
Et mordre, et battre, et ravager
Les plus rouges pommiers de ses vergers.
La fermière, qui vient et vaque,
Et qui supplie, en silence, le sort,
Allume, ainsi que pour un mort,
La chandelle bénite à Pâques ;
Et l’enfant crie et l’enfant braille
Et demeure, le nez en l’air,
À voir, soudain, sur la muraille,
Le feu passant qui fut l’éclair.

D’abord
C’était du Nord
Que s’en venaient et giclaient les ondées ;
Mais voici qu’une nue immense et lézardée
D’un frisson d’or,
Monte du sud et surplombe l’espace.

Le ciel entier n’est que menace.
Les nuages cuivrés qui se pourchassent
S’entrechoquent et s’allument férocement.
Tout le village est tremblement,