Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/135

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Ils font leur lente promenade
En bons époux, en bons chrétiens,
Leur vache et leur âne malades
Animent seuls leur entretien.

Voici la ferme âpre et farouche
De leur cadet qui vit loin d’eux ;
Le vieux, pour avoir l’air moins vieux,
Se plante une fleur dans la bouche.

L’aîné, qui est garde du bois,
Du coin d’un carrefour les guette ;
Leur fille et ses enfants sournois
Les fatiguent de leurs requêtes.

Celui qu’ils préfèrent, le fils
Qui fut leur crainte et leur martyre,
Les insulte, s’il ne soutire
De leur visite, un clair profit.