Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/154

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Bien que tous les dix ans, sous de larges blessures,
Le taillis amputé semble en janvier mourir,
Sa sève se ranime aux sucs des moisissures
Et ses moignons saignants s’entêtent à guérir.

Et son fouillis renaît et se reprend à vivre,
Avec ses bourgeons fins et ses feuillages lourds,
Et ses bourdons d’émail et ses guêpes de cuivre
Et l’orgue inapaisé de leurs ronflements sourds.

Et le silence moite et l’ombre spongieuse
Ne s’y replongent plus qu’après les jours d’été,
Quand fleurissent la triste et pourpre scabieuse
Et la rouge bétoine et l’orpin argenté.

Et qu’en sa toile intacte et de lune baignée,
Parmi les feuilles d’or et les rameaux d’argent,
Au coin du bois, près de l’étang,
Attend
La grise et molle et bulbeuse araignée.

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