Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/165

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Plaintes des puits, douleurs des seuils, cris des verrous,
Vous perforez le cœur transi de l’étendue ;
Tout devient crainte, attente et misère tordue
Entre les dents du froid qui mord comme les loups.

L’eau se crispe et se serre et bleuit dans les mares ;
Le dallage se sèche autour du vieil évier ;
Les chats, pour le foyer, désertent le grenier ;
Le lait ne caille plus dans le giron des jarres.

Et la cloche, qui sonne et sonne l’angélus,
Change de voix pour annoncer que les journées
Pleines d’abeilles d’or sont à leur tour fanées
Et que les clairs boutons des roses safranées
Sur leurs tiges d’orgueil ne s’entrouvriront plus.

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