Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/193

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Sur leur chaise baillent les vieux,
Serrant leur corps, toussant leur rhume.
Les fils rentrent des champs,
L’autre après l’un, tranquillement,
Et s’approchant de la lampe qui fume,
Menton penché, les ors dans leur pipe s’allument.

Et pendant qu’on se tait à l’unisson,
Tous les bruits de la nuit sourdent de l’ombre
Et s’entendent autour de la maison :
Des bonds fuient brusques et sombres,
Au long du pré, vers les buissons.
Un cri plaintif et lent qui tout à coup sanglote,
Cri de chouette ou de hulotte,
S’en vient, on ne sait d’où, là-bas ;
Et les taupes qui besognent sous terre,
Jusques près du pignon font leur travail obscur ;
Un flasque et lourd plongeon crève une eau solitaire,
Et d’énormes rats noirs grimpent au long des murs.

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