Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 
Nul ne chante : l’air est brûlant.
Les carrefours pierreux et blancs
Tracent leur croix par l’étendue.
Aucune ombre n’est suspendue,
Nuage en marche, sur l’Escaut.
Et les voiles d’un grand bateau,
Par au-dessus des digues qui le masquent,
Apparaissent, vides et flasques.

Et dans le pré, sur double rang, les gars,
Le corps virant de droite à gauche,
Fauchent ;
Fourches hautes, les femmes
Remuent, ainsi que des drapeaux en flamme,
Les foins épars.

C’est la fête de la sueur
À la lueur
Des serpes et des piques :
L’odeur humaine envahit l’air ;
Les bras sont forts, les aciers clairs
Et les gestes épiques.