Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/144

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Quand la foule à son tour
S’en empara
Pour les tenir, devant elle, dressées,
Elle y glissa son sang bien plus que sa pensée,
Mais son ardeur les robura
De joie immense et angoissée.

Ô le travail des ans ! Ô le travail des heures !
Ce qui ne fut d’abord que songe et que rumeur
Dans telle âme profonde
Devint bientôt le bruit et la clameur
Du monde.

Alors
Ceux qu’écrasait le sort
Ou que ployait la mine ou que courbait la terre,
Sentant peser sur eux les destins millénaires,
Redressèrent le dos
Sous leur fardeau ;
Tels mots qui tout à coup rayonnent et délivrent