Aller au contenu

Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Celui qui triomphait
Attendait là, sur les terrasses,
L’esprit flottant toujours de projet en projet.

Aussi longtemps qu’il fut vraiment le maître,
La ville et sa détresse avaient grandi son être,
Mais aujourd’hui,
Tant d’appels inconnus se projetaient vers lui,
Qu’ils chaviraient son âme.

Sous les midis d’été criblés d’or et de flamme
Tout le peuple debout,
Avec des cris jaillis, avec des gestes fous,
Lui submergeait le cœur de ses vagues de joie ;
La fête le domptait ; il devenait sa proie ;
Il la voyait grossir encor, grossir toujours
Et comme soulever les maisons et les tours,
Pour entraîner soudain en ses transports fébriles
Jusqu’à l’entêtement des choses immobiles ;
Et tout au loin il regardait la vaste mer
Pousser vers lui l’élan compact de sa marée