Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/39

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Ils sont plus clairs que feux d’aurore,
Joyeux, naïfs — dites combien !
Ce sont les bons anges gardiens
Qui les taillent et les décorent,
Peignant, avec leurs menus doigts,
L’or des manteaux, l’azur des robes ;
N’employant rien que couleurs probes,
Colle tenace et raide empois,
Et ciselant chaque clochette
Pour arlequins et pour pierrots
Et pour chevaux qui vont au trot,
Immobiles, sur des planchettes.


Ainsi lesté, ainsi chargé,
S’en va d’un pas toujours le même,
Par les chemins des soirs légers,
Le comte de la Mi-Carême.
Il va du Weert à Saint-Amand,
De Saint-Amand vers Rupelmonde,
Passe Tamise, passe Termonde,
Pour revenir vite en Brabant
Et les jouets tombent comme grêle