Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/47

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Et je pleurais et me désespérais
De ne pouvoir, malgré l’effort
De mes regards tendus vers elles,
Les voir, elles, les tours droites et textuelles,
Avec leurs blocs de siècles morts,
Comme en mes vieilles images, régner dans l’or.


Le soir venant, je m’arrachais à ma retraite :
Je ne m’avouais point que j’avais peur
Mais mon cœur le sentait — le faîte
D’où tombaient l’ombre et la frayeur
M’apparaissait soudain morne et funèbre ;
Je me sentais frôlé, par des mains de ténèbres,
Des bruits naissaient et m’entouraient — et je fuyais,
Sans oser regarder ce qui me poursuivait.