Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/19

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Vos carrefours, vos grand’places et votre port,
Tout est muet et léthargique ;
Tout semble aller à pas logiques
Vers l’horizon où luit la mort.
 
Seule, quand le marché aligne au jour levé,
Sur le trottoir, ses éventaires,
Un peu de vie hebdomadaire
Se cabre aux joints de vos pavés.

Ou bien, quand la kermesse et ses cortèges d’or
Mènent leur ronde autour des rues,
L’émoi des foules accourues
Vous fait revivre une heure encor.
 
Vos mœurs sont pareilles à vos petits jardins :
Buissons corrects, calmes verdures,
Mais une odeur de moisissure
Séjourne en leurs recoins malsains.