Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/25

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Une seule lanterne brille au loin ;
Un seul veilleur est le témoin
Du calme entier et du silence ;
À peine un menu vent rapide et vain,
Agite-t-il, au quai du Rhin,
Le branchage aminci et dépouillé des ormes :
La ville au loin et son port dorment.

Dormez, la ville, et vous, les gens,
Sous le ciel glacial d’un décembre d’argent ;
Dormez, les bateaux et les voiles,
Sous les fixes regards d’un million d’étoiles ;
Dormez, les âtres froids et les bois consumés,
Et vous, les toits, les murs et les maisons, dormez.

Pourtant, de ci, de là, des clartés brillent ;
La face ronde d’un marin
Paraît, soudain,
Au trou carré d’une écoutille.
Les yeux d’un chat luisent furtivement ;
Le carillon sursaute et s’exalte un moment,
Et minuit tinte.