Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/35

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Rubans, cordons, aiguilles fines,
Lacets, fils et bobines
Sont achetés chez le mercier ;
Les salons d’or du pâtissier
Montrent des tartes rondes
Comme le monde ;
Le quincaillier fournit des chaudrons clairs
Comme un juillet rayé d’éclairs,
Et les marins s’abordent
Au seuil branlant d’un vieux marchand de cordes.

La fièvre étreint tous les comptoirs ;
Mais, du matin jusqu’au soir,
Quoi qu’on débite et qu’on achète,
Les sonnettes mènent la fête
Et dominent le branle-bas
Des coups têtus de leur délire.

Et l’une tinte, ainsi qu’un glas,
Et l’autre éclate, ainsi qu’un rire,
Et d’autres font des bonds de sons,
Qui tout au loin se répercutent,
Sitôt que leurs battants se buttent
Au bronze vert de leurs jupons.