Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/75

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Que les bateaux arrivent
Qui les emporteront là-bas, de rive en rive.
Un jour, ils partiront pour Formose ou Ceylan,
Sans que cède leur dos ou que crève leur flanc.
Ils seront fiers et lourds du poids de leurs richesses,
Puis ils s’étaleront sur les grands quais vermeils,
Avec l’or même du soleil
En fusion parmi leurs tresses.

En attendant dès le matin,
Sous une tente, au seuil des bouges,
Les gais vanniers
Mêlent les blancs et serpentins
Osiers aux osiers francs et rouges
De leurs paniers.
Et le brouillard qui se dissipe
Et chasse au loin sa brume envenimée
Laisse monter la petite fumée
Bleue et joyeuse de leurs pipes.