Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que dominent des faces de gorgonnes ;
Ce sont des tours sur des faubourgs,
Ce sont des toits et des pignons,
En vols pliés, sur les maisons ;
C’est la ville tentaculaire,
Debout,
Au bout des plaines et des domaines.

Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mâts,
Même à midi, brûlent encor
Comme des œufs monstrueux d’or,
Le soleil clair ne se voit pas :
Bouche qu’il est de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée,

Un fleuve de naphte et de poix
Bat les môles de pierre et les pontons de bois ;
Les sifflets crus des navires qui passent
Hurlent la peur dans le brouillard :
Un fanal vert est leur regard