Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/67

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Du cimetière,
Les morts,
Un à un, ils s’immobilisent
Sur des chemins d’église,
Mornes, têtus et droits,
Les mendiants, comme des croix.

Les mendiants ont l’air de fous.

Avec leur dos comme un fardeau
Et leur chapeau comme la suie,
Ils habitent les carrefours
Du vent et de la pluie.

Ils sont le monotone pas
— Celui qui vient et qui s’en va
Toujours le même et jamais las —
De l’horizon vers l’horizon.

Ils sont les béquillants,
Les chavirés et les bancroches ;
Et leurs bâtons sont les battants