Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/93

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Les gens d’ici ont dans leur âme
Deux tisons noirs, mais point de flamme,
Deux tisons noirs en croix.

Par l’infini du soir, sur la grand’route,
Voici venir les ricochets des cloches
Là-bas, au carrefour des bois.

C’est les madones des chapelles
Qui, pareilles à des oiseaux au loin perdus,
Rappellent.

Les gens d’ici sont gens de peur,
Car leurs vierges n’ont plus de cierges
Et leur encens n’a plus d’odeur :
Seules, en des niches désertes.
Quelques roses tombent inertes
Sur une image en plâtre peint.

Les gens d’ici ont peur de l’ombre sur leurs champs,
De la lune sur leurs étangs,
D’un oiseau mort contre une porte ;