Ingénument, à l’explosion de fête
Des verdures, des sèves et des voix,
Le pare et l’illumine aussi, comme autrefois ;
Voici la troupe, en vêtements de fleurs,
Des gamines petites fées,
Qui répandent, en des parfums, leur cœur ;
Voici les rondes agrafées
Des sylphes et des lutins,
Passant comme des gammes
Sautillantes de prestes flammes,
Parmi les thyms ;
Voici les farfadets jouant aux osselets,
Sur les gazons en filigrane ;
Et la soudaine et coruscante Viviane
Surgie, en des clairières d’argent bleu,
Toute en joyaux et en cheveux,
Avec la lune, au devant d’elle.
Enfin, tout ce que les sèves primordiales
Tout ce que les forces éternelles
Ont engendré, durant les heures nuptiales
Du printemps jeune et de la terre inassouvie,
Se lève et se modèle en croupes de frondaisons
Et brusquement, de l’un à l’autre bout de l’horizon,
Bondit en troupeaux d’herbe et de buissons
À la rencontre de la vie.
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