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LA CLÉMENCE


C’était un doux pays illuminé de plaines
Qui s’étalaient, avec de longs troupeaux,
Dont on voyait les laines
Blanchir les prés et se mirer dans l’eau ;
C’était un infini d’herbe et de fleurs unies :
Le fleuve auréolé d’atmosphère trémière
Y visitait des clochers bleus, dans la lumière ;
C’étaient des lacs, cernés de joncs — tels de grands nids
Où s’exilaient les oiseaux du silence —
Où seul, un vent très pur de paix et de clémence
Remuait l’air paisible autour d’un îlot d’or.
C’était l’heure versée aux campagnes natales,