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Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/59

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Se sont tués, quoique s’aimant toujours,
Et s’écoutent, les nuits, et s’écoutent, les jours,
Se taire et se pleurer, parmi ces tombes.

Le vent qui passe et que ces corridors respirent,
Par les pores et les fentes de leurs sépulcres,
Est moite et lourd et vieux de souvenirs ;
On écoute, le soir, l’haleine suspendue,
Et l’on entend des effluves voler
Et s’attirer et se frôler,
Sous ces voûtes de marbre, en sculptures tordues.

La vie, au-delà de la mort, encor vivante,
La vie approfondie en épouvante,
Perdure-là, si fort,
Qu’on croit sentir, dans les murailles,
Avec de surhumains efforts,
Battre et s’exalter encore,
Tous ces cœurs fous, tous ces cœurs morts,
Qui ont vaincu leurs funérailles.

Reposent-là, des maîtresses de rois
Dont le caprice et le délire
Ont fait se battre des empires ;
Des conquérants, dont les glaives d’effroi