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Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/76

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J’en sais qui la cherchent encore,
Après la nuit, pendant l’aurore,
Lorsque déjà elle est assise, au seuil
Abandonné de leur orgueil.

La vie en cris ou en silence,
La vie en lutte ou en accord,
Avec la vie, avec la mort,
Avec le bruit ou le silence,
Elle est là bas, sous des pôles de cristal blanc,
Où l’homme innove un chemin lent ;
Elle est, ici, dans la ferveur ou dans la haine,
De l’ascendante et rouge ardeur humaine ;
Elle est, parmi les flots des mers et leur terreur,
Sur des plages, dont nul n’a exploré l’horreur,
Elle est dans les forêts, aux floraisons lyriques,
Dont s’exaltent les monts et les fleuves d’Afrique,
Elle est, où chaque effort grandit
Onde à onde, vers l’infini,
Où le génie extermine les gloses,
Criant les faits, montrant les causes
Et préparant l’élan des géantes métamorphoses.

Lassé des mots, lassé des livres,
Je cherche en ma fierté,
L’acte qui sauve et qui délivre.