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Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/83

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C’est que celui qu’on attendait n’est point venu,
Celui, que la nature entière
Fera vibrer, un jour, âme trémière,
Avec des rythmes purs non encor connus ;
C’est que la race ardente et fine,
Dont il sera la fleur,
N’a point multiplié ses milliers de racines
Jusqu’au tréfonds des profondeurs ;

C’est que le passé mort domine encor et capte,
Trop fortement, toute vigueur de volonté,
Pour que l’esprit, d’un vierge effort, s’adapte
À son milieu prochain de vérité ;
C’est que tout homme enfin n’écoute point assez
Le sommeil d’avenir qu’il tient, en lui-même, bercé
Et qu’il entend déjà, sous les grands cieux solennisés,
Rêver, à mots divins, la nuit, dans le silence.

Mon cœur, est-il un vœu de joie et de vaillance
Plus superbe à former, que d’être,
Un jour, le héraut pur de ce prodige à naître ;
Que d’atteler, devant sa suprême victoire,
Les blancs chevaux du vierge orgueil et de la gloire ?

Oh vous, mes mains, restez nettes et belles,