Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Ses deux ailes semblent en feu.

Calme, la main en auvent sur les yeux,
Il regarde de loin la fête
Et, tout à coup, fouettant sa bête,
Après trois bonds, l’arrête

À la grille du cimetière ancien.

 

Les gens s’enfuient, les chevaux ruent ;

Un tumulte massif se cabre dans les rues ;
Mais le Doyen s’incline et dit une prière,
Devant le cavalier de flamme et de lumière
Dont l’armure porte la croix,
Dont le casque rayonne et dont les doigts
Tiennent l’épée, où le diable se tord

Et s’acharne contre la mort.

 

Alors ceux qui s’étaient enfuis reviennent

Et les gens graves s’entretiennent :
— « C’est Saint-Michel qui vient du ciel. »
— « À Bruxelles, sur la Grand’Place,
On voit l’éclair
De son glaive couper l’espace. »
— « Ses yeux sont clairs, »
— « Ils sont pareils
Aux diamants du vent et du soleil,
Sur la mer d’Ostende. »
— « Il luit sur les beffrois et les Maisons du Roi. »

— « S’il vient ici, c’est faveur grande. »