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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/167

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les flamandes

II


Au sortir des brouillards, des vents et des hivers,
Le site avait les tons mouillés des aquarelles ;
L’Escaut traînait son cours entre les iris verts
Et les saules courbant leurs branches en ombrelles ;

Il coulait clair et blanc dans les limpidités,
Et les oiseaux chantaient parmi les oseraies :
Il coulait clair dans les splendeurs et les gaietés
Et mirait les hameaux, tête en bas, dans les baies.

Là, sous la chaleur neuve et la clarté d’éveil,
Des chalands goudronnés luisaient dans le soleil.
Des vapeurs ameutaient les flots lents de leurs roues,

Des mâts se relevaient : misaines et beauprés.
Et les voiliers géants dressaient sur l’eau leurs proues,
Où des nymphes en bois bombaient leurs soins dorés.