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les moines


Ces arbres vont — ainsi des moines mortuaires
Qui s’en iraient, le cœur assombri par les soirs,
Comme jadis partaient les longs pénitents noirs
Pèleriner, là-bas, vers d’anciens sanctuaires.

Et la route d’amont toute large s’ouvrant
Sur le couchant rougi comme un plant de pivoines,
À voir ces arbres nus, à voir passer ces moines,
On dirait qu’ils s’en vont ce soir, en double rang,

Vers leur Dieu dont l’azur d’étoiles s’ensemence ;
Et les astres, brillant là-haut sur leur chemin,
Semblent les feux de grands cierges, tenus en main,
Dont on n’aperçoit pas monter la tige immense.