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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/199

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les moines


On le voyait marcher au long des mers sonnantes,
Au long des bois rêveurs et des mares stagnantes,

Avec des gestes fous de voyant surhumain,
Et s’en venir ainsi vers le monde romain,

N’ayant rien qu’une croix, taillée au cœur des chênes,
Mais la bouche clamant les ruines prochaines,

Mais fixes les regards, mais énormes les yeux,
Barbare illuminé qui vient tuer les dieux.



Maintenant qu’il repose obscurément, sans bière,
Dans quelque coin boueux et gras de cimetière,

Saccagé par les vers, pourri, dissous, séché,
À voir le tertre énorme où son corps est couché,

On rêve aux tueurs d’ours, abattus dans la chasse,
À ces hommes d’un bloc de granit et de glace,