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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/215

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les moines


Son nom sera crié dans la rage et l’amour,
Son ombre, projetée, obscurcira le jour,

Les prêches, les écrits, les diètes, les écoles,
Les sectes germeront autour de ses paroles,

Le monde entier, promis par les papes aux rois,
Sur le vieux sol chrétien verra trembler la croix,

Les disputes, les cris, les querelles, les haines,
Les passions et les fureurs, rompant leurs chaînes,

Ainsi qu’un troupeau roux de grands fauves lâchés,
Broieront, entre leurs dents, les dogmes desséchés,

Un vent venu des loins antiques de la terre
Éteindra les flambeaux autour du sanctuaire,

Et la nuit l’emplira morne, comme un cercueil,
Depuis l’autel désert jusqu’aux marches du seuil,

Tandis qu’à l’horizon luiront des incendies,
Des glaives furieux et des crosses brandies.