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poèmes


Il étalait sa joie intime et son bonheur,
À parer de ses mains l’autel, pour faire honneur

À la très douce et pure et benoîte Marie,
Patronne de son cœur et de sa closerie.

Il ne songeait à rien, sinon à l’adorer,
À lui tendre son âme entière à respirer,

Rose blanche, si frêle et si claire et si probe,
Qu’elle semblait n’avoir connu du jour que l’aube,

Et qu’au soir de la mort, où, sans aucun regret,
Jusqu’aux jardins du ciel, elle s’envolerait

Doucement de sa vie obscure et solitaire,
N’ayant rien laissé d’elle aux buissons de la terre,

Le parfum, exhalé dans un soupir dernier,
Serait depuis longtemps connu du ciel entier.