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SOIR RELIGIEUX


Un silence souffrant pénètre au cœur des choses,
Les bruits ne remuent plus qu’affaiblis par le soir,
Et les ombres, quittant les couchants grandioses,
Descendent, en froc gris, dans les vallons s’asseoir.

Un grand chemin désert, sans bois et sans chaumières,
À travers les carrés de seigle et de sainfoin,
Prolonge en son milieu ses deux noires ornières
Qui s’en vont et s’en vont infiniment au loin.

Dans un marais rêveur, où stagne une eau brunie,
Un dernier rais se pose au sommet des roseaux ;
Un cri grêle et navré, qui pleure une agonie,
Sort d’un taillis de saule où nichent des oiseaux ;